L’avenir d’Aircalin passe-t-il par une extension de ses vols jusqu’à la Métropole ? Ou au contraire par une réduction de ses activités à la seule desserte des pays de la région ? Les avis divergent parmi les élus…
L’avenir d’Aircalin passe-t-il par une extension de ses vols jusqu’à la Métropole ? Ou au contraire par une réduction de ses activités à la seule desserte des pays de la région ? Les avis divergent parmi les élus…
Quels choix stratégiques la Nouvelle-Calédonie doit-elle faire pour l’avenir de ses liaisons aériennes vers l’extérieur ? La question a été largement débattue, hier soir au Congrès, à l’issue de la lecture du rapport de la Chambre territoriale des comptes sur la gestion de l’Adanc (Agence pour la desserte aérienne de la Nouvelle-Calédonie).
Car, à travers cette agence, créée pour financer par une taxe l’achat des deux Airbus long-courriers, c’est bien d’Aircalin, et de choix fondamentaux dont il a été question.
Défiscalisation.
De manière très résumée, ce rapport de 50 pages estime que le financement de ces deux avions, acquis en 2003, a coûté fort cher et rapporté beaucoup à l’organisme prêteur. Il estime qu’à la fin des emprunts contractés, en 2022, l’avantage de la défiscalisation aura été annulé par les frais bancaires.
La CTC constate également que la desserte vers le Japon et la Corée n’a pas permis le développement touristique escompté. La compagnie perd de l’argent sur ces lignes et les hôtels calédoniens ne se remplissent pas.
Ils se remplissent d’autant moins que, pour équilibrer ses comptes, Aircalin vend au prix fort les billets de ses dessertes régionales vers Sydney, Brisbane ou Auckland. Nos voisins vont en vacances à Fidji ou au Vanuatu, pour beaucoup moins cher qu’en Calédonie.
Alors, comment en sortir ? Les élus du Congrès n’ont pas remis en cause le mode d’acquisition et de financement choisi il y a dix ans. Hormis Jacques Lalié (Uni), pointant du doigt les profits financiers réalisés par les banques sur le dos de la défiscalisation. « C’était le bon choix dans le contexte de l’époque », estime Corinne David. L’élue Avenir ensemble prend comme contre-exemple Air Tahiti Nui et sa politique de location d’appareils qui s’est révélée ruineuse dans la durée.
"En laissant venir Air Austral, qui fait perdre 700 millions à Aircalin, on s’est tiré une balle dans la patte !"
Seul Didier Leroux s’interroge sur la pertinence de créer une taxe sur le fret aérien pour financer l’Adanc et, donc, l’achat des Airbus. « Quand on veut développer l’aérien, on ne taxe pas le fret aérien, on taxe le maritime », assène-t-il. Et d’ajouter, en connaisseur : « N’aurait-il pas été plus judicieux de subventionner Air France pour continuer à desservir Nouméa ? »
Rénovation.
Quant à Rock Wamytan (FLNKS) il se demande pourquoi « on a laissé venir Air Austral, qui fait perdre 700 millions chaque année à Aircalin. On s’est tiré une balle dans la patte ! Alors qu’on pourrait nous-mêmes étendre nos liaisons jusqu’en Métropole. Après tout, on n’est pas plus bêtes qu’Air Austral ? »
À l’opposé, Corinne David s’est interrogée sans trop y croire : « Nous pouvons aussi faire le choix minimaliste de vendre nos gros avions, concentrer Aircalin sur la desserte des pays de la région, et laisser à d’autres le soin de nous relier à la Métropole. » Ce qui signifierait s’en remettre à Qantas, Singapore Airlines ou Air New-Zealand pour assurer la continuité territoriale vers la Métropole.
En tout état de cause, il y aura des choix à faire. Un premier a été arrêté, décidant la rénovation des deux long-courriers pour rester dans les standards internationaux.
Mais ensuite ? Ce sera tout l’objet du futur plan stratégique de la desserte aérienne. Une étude est en cours. Elle sera rendue en mars ou avril 2011 au gouvernement Gomès.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes – 16 décembre 2010