L'équivalent d'un millier de salaires est prélevé chaque année sur les billets d'avion des compagnies aériennes françaises. Explications.
L'équivalent d'un millier de salaires est prélevé chaque année sur les billets d'avion des compagnies aériennes françaises. Explications.
Toutes les analyses financières sur Air France convergent sur un point. Elles montrent la distorsion de concurrence due aux nombreuses taxes, redevances et charges sociales supportées par le pavillon tricolore, alors que celles des transporteurs asiatiques et du Golfe sont modestes. Un chef d'État "normal", à défaut de pouvoir ou de vouloir les réduire, tenterait de ne pas aggraver ces pesanteurs.
François Hollande a pourtant choisi la voie inverse et vient d'annoncer son intention d'augmenter la taxe de solidarité, dite "taxe Chirac" du nom de son créateur, sur les billets d'avion. La hausse pourrait être de 10 %, démesurée par rapport à celle de l'inflation. La taxe Chirac rapporte, bon an mal an, 70 millions d'euros. Cela représente l'équivalent d'un bon millier de salaires annuels de la compagnie aérienne ou le prix d'un avion moyen-courrier. Cumulée depuis sa création en 2006, elle a rapporté un demi-milliard d'euros à l'État.
La tête sous l'eau
Cette nouvelle hausse d'une taxe quasiment franco-française rend insupportables les devoirs de vacances des dirigeants d'Air France. Ceux-ci doivent, en effet, présenter à la mi-septembre une nouvelle version plus sévère du plan Transform 2015. On sait que le réseau moyen-courrier et l'activité cargo perdent toujours beaucoup d'argent et ne se redressent pas. Alexandre de Juniac, P-DG d'Air France-KLM, l'a souvent affirmé : "Tout est à étudier avant d'évoquer des licenciements." Pourra-t-il tenir sa promesse alors que l'État s'efforce ainsi de maintenir Air France la tête sous l'eau ?
Sur cette taxe, l'Élysée et Matignon accordent leurs violons. Au moment où François Hollande veut augmenter l'impôt sur les compagnies aériennes, Jean-Marc Ayrault réceptionne un rapport qu'il a demandé : "Les compagnies aériennes européennes sont-elles mortelles ? Perspective à 20 ans". Il y est souligné que "certaines taxes, du fait de leur spécificité française ou européenne, pourraient fragiliser les compagnies européennes dans la concurrence mondiale". Un rapport immédiatement appliqué avec cette taxe Chirac qui affaiblit un peu plus le transport aérien français.
source : http://www.lepoint.fr