Les juges d’instruction « nous ont très fortement laissé entendre qu'Air France et Airbus », mis en examen pour homicides involontaires dans ce dossier, « seront renvoyés en correctionnelle, à tel point que c'est pour nous une certitude », a ainsi affirmé mercredi au tribunal de Paris Me Alain Jakubowicz, l'un des avocats de l'association Entraide et solidarit
Cinq ans après le crash du vol AF447 Rio-Paris en juin 2009, les investigations viennent enfin de prendre fin. Mis en examen pour homicides involontaires, Air France et Airbus devraient normalement retourner devant la justice.
Il aura fallu cinq ans pour voir l’expectative d’un procès prendre forme. Les familles des victimes du vol AFF447 Rio-Paris, crashé en mer en juin 2009 et coûtant la vie de 228 passagers et membres d’équipages, espèrent dorénavant se rendre au tribunal alors que l’enquête vient tout juste de prendre fin. Les juges pourront ainsi ordonner le renvoi d’Air France et Airbus en correctionnel grâce aux éléments rassemblés. L’enquête devrait se prononcer sur la responsabilité du constructeur Airbus dans le drame quant à une éventuelle défaillance du matériel, tandis qu’Air France sera concerné par une formation insuffisante des pilotes.
Suffisamment d'éléments pour condamner Airbus et Air France
Les juges d’instruction « nous ont très fortement laissé entendre qu'Air France et Airbus », mis en examen pour homicides involontaires dans ce dossier, « seront renvoyés en correctionnelle, à tel point que c'est pour nous une certitude », a ainsi affirmé mercredi au tribunal de Paris Me Alain Jakubowicz, l'un des avocats de l'association Entraide et solidarité AF447. « La fin de l'instruction signifie que les parties civiles pourront avoir un procès bientôt. J'estime qu'il y a suffisamment d'éléments aujourd'hui pour qu'Airbus et Air France soient condamnés pour homicides involontaires », a également déclaré un autre avocat de proches de victimes, Yassine Bouzrou.
La fin de ces investigations va permettre l’ouverture d’un délai durant lequel les parties peuvent faire observations ou demande de nouveaux actes d’enquête. Le parquet de Paris aura ensuite la possibilité de prendre ses réquisitions avant que les juges d’instruction ne décident d’un éventuel renvoi en correctionnelle ou prononcent un non-lieu. L’annonce de la conclusion de l’enquête a rassuré de nombreux proches de victimes présents au tribunal. Mercredi, ils comptaient dénoncer les conclusions d’une contre-expertise récemment versée au dossier et qui dédouane le constructeur Airbus de ses responsabilités. Daté du 30 avril, ce rapport met surtout en avant la responsabilité de l’équipage et donc Air France, qui n’aurait pas donné de directives précises suite à la défaillance répétée des sondes de vitesse Pitot, qui sont le point de départ du crash. Remplacées depuis, ces sondes sont à l’origine de multiples autres incidents recensés par Airbus.
La contre-expertise contestée par Air France
Des proches des victimes ont manifesté leur mécontentement en quittant la salle au moment où les experts ont commencé à remettre leurs conclusions déjà connues. Ils avaient notamment marché peu avant jusqu’au tribunal derrière une banderole : « Non à l'impunité des responsables, oui à un procès juste et équitable ». Entraide et solidarité AF447 a ainsi dénoncé « ce contre-rapport » qui est « comme une insulte à la vérité et à la justice tant il transpire la partialité ». Présentée en juillet 2012 aux victimes, une première expertise avait conclu que l’accident aérien était dû à des erreurs humaines, des défaillances techniques ainsi que des procédures inadaptées. Une perte de données du au givrage des sondes Pitot était notamment mise en cause.
Le second rapport « est un non-évènement, une insulte et il ne mérite que notre mépris », a ainsi lancé Me Jakubowicz. Air France relève de son côté qu’un éventuel procès ne pourra pas avoir lieu tant que la cour d’appel de Paris n’a pas examiné son recours en nullité contre la contre-expertise. La compagnie aérienne avait ainsi estimé que cette contre-expertise avait été réalisée de « de manière unilatérale et non contradictoire, en violation du principe même du procès équitable », contestant notamment des vols d’essais « effectués chez Airbus avec des équipages Airbus sans qu'Air France en soit informée ». Air France avait déjà été condamnée en 2011 à verser des indemnités à des familles de passagers, mais ce jugement ne se prononçait pas sur sa responsabilité dans l’accident.