Le cas Air Méditerranée, qui a délocalisé en Grèce en créant une structure locale, est l'illustration parfaite de ce qui cloche dans la gestion des personnels navigants en France,
Le cas Air Méditerranée, qui a délocalisé en Grèce en créant une structure locale, est l'illustration parfaite de ce qui cloche dans la gestion des personnels navigants en France,
selon les adhérents de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam). Jeudi, les membres de cette organisation patronale ont présenté une dizaine de propositions aux candidats à l'élection présidentielle.
La première d'entre elles consiste à diminuer le coût du travail dans l'aérien pour les compagnies basées dans l'Hexagone. «Dès lors qu'une compagnie exerce dans un pays tiers avec les conditions fiscales du pays d'origine, la compétition favorise ses concurrentes régies par des charges sociales et fiscales plus basses», regrette Pascal de Izaguirre, le président de la commission économique de la Fnam. Les navigants français coûtent 20 % de plus en moyenne qu'ailleurs en Europe, selon Lionel Guérin, le président de la Fnam.
Pour restaurer le pavillon français dans le ciel européen, les adhérents de la Fnam réclament «un déplacement de l'assiette des cotisations sociales sur d'autres prélèvements fiscaux et un dispositif d'abattement des charges patronales en particulier pour les navigants, les pilotes, les hôtesses et les stewards». En clair, les compagnies françaises réclament un cadre social «harmonisé» qui réduirait les écarts entre les pays d'Europe. «En contrepartie, nous pourrions développer notre activité et créer de l'emploi», précise Pascal de Izaguirre.
Maintien des vols de nuit
Air France a fait ses comptes: si la compagnie était basée à Amsterdam, elle économiserait 750 millions d'euros du fait de la différence entre les régimes sociaux et fiscaux entre la France et les Pays-Bas. «L'objectif est d'éviter de voir se produire dans l'aérien ce qui s'est produit dans le transport maritime où l'emploi est aujourd'hui complètement délocalisé», observe Lionel Guérin, également PDG de Transavia, la filiale low-cost d'Air France. La réponse des candidats à cette proposition est étonnamment consensuelle. Les conseillers de Nicolas Sarkozy ont oralement estimé que cette piste méritait d'être étudiée. De son côté, François Hollande a répondu par écrit que «les aides publiques et allégements fiscaux» devaient aller «vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités. Toutefois, il est clair que les évolutions à venir devront respecter l'impératif d'équilibre de nos comptes sociaux».
Parmi les autres propositions, la diminution de la taxe de sûreté, actuellement supportée par les passagers ; l'instauration d'un cadre réglementaire européen face à la concurrence internationale pour éviter le versement d'aides d'État au bénéfice de certains transporteurs, le maintien des vols de nuit, un accès plus facile aux plates-formes aéroportuaires, mais aussi des investissements dans la recherche pour préparer les évolutions énergétiques.
Les adhérents de la Fnam, qui avaient déjà lancé des propositions similaires il y a cinq ans, espèrent cette fois être entendus. «À l'époque, Air France et les autres compagnies allaient bien, le prix du carburant était moitié moins cher… Aujourd'hui, nous tirons le signal d'alarme. Dans cinq ans, on ne pourra pas dire que l'on n'avait rien prévu», résume le président de TUI France.
source :http://www.lefigaro.fr