Des « Escherichia coli » et des staphylocoques dorés résistants survivent plusieurs jours en cabine. À coup sûr, les hypocondriaques contraints de prendre l'avion vont maudire le Dr Kiril Vaglenov et ses collègues de l'université d'Auburn, en Alabama. Les travaux qu'il a présentés à Boston (États-Unis) cette semaine, lors de la conférence annuelle de la société américaine de microbiologie, montrent que des bactéries résistantes sont capables de survivre plusieurs jours dans les avions. LIRE LA SUITE
Des « Escherichia coli » et des staphylocoques dorés résistants survivent plusieurs jours en cabine. À coup sûr, les hypocondriaques contraints de prendre l'avion vont maudire le Dr Kiril Vaglenov et ses collègues de l'université d'Auburn, en Alabama. Les travaux qu'il a présentés à Boston (États-Unis) cette semaine, lors de la conférence annuelle de la société américaine de microbiologie, montrent que des bactéries résistantes sont capables de survivre plusieurs jours dans les avions.
Les chercheurs ont utilisé deux types de bactéries dans leur expérience. L'une responsable d'épidémies alimentaires, Escherichia coli, l'autre d'infections cutanées parfois graves, voire mortelles, le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM).
Ils les ont d'abord placés dans différents milieux, notamment ceux qui simulent la salive ou la sueur, puis ont observé leur capacité de survie sur diverses surfaces: accoudoirs, tablettes en plastique, boutons en métal que l'on trouve dans les toilettes, tissus de la poche des sièges, volet de hublot, cuir. Ils ont enfin reproduit les conditions habituelles de température (24 °C) et de sécheresse de l'air (18 % d'humidité) que l'on trouve au cours d'un vol, en plaçant le tout dans des incubateurs. Parmi les résultats les plus inquiétants, on remarque que les SARM sont capables de survivre pendant une semaine dans le tissu de la poche des sièges et que les E. coli survivent 4 jours sur les accoudoirs, 3 jours sur les plateaux et 2 jours sur les boutons en métal des toilettes. Le risque de transmission à partir de surfaces lisses, comme le plastique des tablettes ou des volets de hublots, étant le plus élevé. Toutefois, le risque de transmission du SARM devient très faible après 24 heures et quasiment nul après 48 heures, remarquent les auteurs. Pour l'E. coli en revanche, il demeure élevé sur les tablettes même après 3 jours alors qu'il devient nul sur les accoudoirs ou les boutons métalliques des toilettes.À noter que ces recherches étaient soutenues par les industriels de l'aviation soucieux d'optimiser leurs procédures de nettoyage et désinfection, et surtout que, dans ces expériences, la survie des bactéries était observée sans aucun protocole de désinfection. L'objectif étant de récupérer des données brutes.
Les préoccupations des compagnies viennent surtout des infections transmises par l'air. En 2003, un malade infecté par le Sars avait par exemple contaminé 22 autres passagers lors d'un vol de trois heures entre Hongkong et Pékin à bord d'un Boeing 737 transportant 120 personnes. Le 8 octobre 2008, c'est un vol Boston-Los Angeles qui avait dû être détourné sur Chicago après trois heures de vol en raison de nombreux épisodes de gastro-entérites parmi six voyageurs d'un groupe de 41 participants d'un voyage organisé. L'étude menée ensuite avait montré que sept passagers n'appartenant pas à ce groupe avaient été à leur tour malades entre deux et quatre jours après le vol.
Le Dr Vaglenov relativise cependant les risques pour des voyageurs sains. «Je ne pense pas que cela soit plus dangereux que d'aller au cinéma, affirme le chercheur, le message à retenir est de se laver soigneusement les mains pendant le vol, de ne pas voyager lorsqu'on est contagieux ou avec une immunité affaiblie.»