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Air France sur l’échafaud à Canal Plus

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Le "Spécial investigation" diffusé lundi 12 novembre à 22 h 30 met en lumière la dangerosité de la compagnie, mais ne donne pas la parole à l'accusée. Un accident tous les trois ans, c'est le fil conducteur choisi pour le documentaire Spécial investigation Air France, la chute libre que propose Canal Plus lundi soir (*).

Le "Spécial investigation" diffusé lundi 12 novembre à 22 h 30 met en lumière la dangerosité de la compagnie, mais ne donne pas la parole à l'accusée. Un accident tous les trois ans, c'est le fil conducteur choisi pour le documentaire Spécial investigation Air France, la chute libre que propose Canal Plus lundi soir (*).

Pour étayer ce brûlot à charge contre la compagnie nationale, les auteurs amalgament des accidents où la responsabilité d'Air France est engagée et d'autres qui sont beaucoup moins clairs. Ainsi, une lamelle métallique perdue par un autre avion sur la piste de Roissy provoqua le crash de Concorde en 2000 sur lequel la justice s'est prononcée sans mettre en cause Air France. Deux autres accidents – BritAir à Brest en juin 2003 et Régional à Pau en janvier 2007 – sont le fait de compagnies filiales aux opérations aériennes indépendantes et qui appliquent leurs propres politiques de sécurité des vols. De même, l'explication de la collision au sol d'avril 2011 à New York-Kennedy, très médiatisée car mettant en cause un Airbus A380, est biaisée. La vidéo diffusée accélère la vitesse de l'avion, qui était, en réalité, inférieure à 15 km/h, comme l'explique le rapport du NTSB, le bureau d'enquêtes américain. Même le crash de Habsheim en 1988 est décortiqué et ses causes sont attribuées à la théorie du grand complot entre Air France, Airbus, la DGAC et le BEA. C'est bien sûr, leurs dirigeants sortent tous de la même école, Polytechnique. Des amitiés s'y sont nouées, mais aussi de solides inimitiés.

Fatigue des pilotes

Restent les accidents de Toronto en 2005 et surtout du Rio-Paris AF447 en 2009, sans oublier quelques incidents graves, notamment en Afrique, qui interpellent quant à la sécurité des vols. Encore faut-il poser les bonnes questions. Ainsi, le pilote aux commandes de l'A330 lors du Rio-Paris n'est pas, comme indiqué dans le documentaire, issu de la filière cadets, ces jeunes bac + 2 formés à l'école Amaury-de-La-Grange près de Lille. Il y a seulement suivi un court stage de perfectionnement. De là à condamner cette formation de pilotes de ligne en trois ans, il n'y a qu'un pas qu'il ne fallait pas franchir. Air France, n'embauchant plus avant 2015, a logiquement arrêté ce recrutement cadets, de même que Lufthansa qui a choisi la même filière de formation. Regrettons que l'investigation ne se soit pas penchée sur la fatigue de l'équipage de l'AF447 qui pourrait expliquer son comportement aberrant face à la panne des sondes puis au décrochage, deux situations qui sont pourtant abordées dès les premières heures dans les écoles de pilotage. Cette fatigue est pourtant un sujet qui préoccupe beaucoup le Syndicat national des pilotes de ligne.

Les témoins interrogés sur Canal Plus, qui peuvent impressionner un public non averti, ont tous des comptes à régler avec Air France. En particulier, un pilote de ligne, licencié pour insuffisance professionnelle, que l'on voit aux commandes d'un simulateur, aurait pu s'attarder sur les très (trop ?) rares sanctions prises à Air France vis-à-vis des navigants. Ce point est souligné par le rapport Colin consécutif au crash de Toronto, mais apparaît encore plus tard dans l'audit externe demandé après l'accident du Rio-Paris. Des mesures ont été prises depuis 2010, innovantes et coûteuses ; possibles car les restrictions du plan Transform 2015 ne concernent pas la sécurité des vols. Ainsi, sept "gatekeepers", des pilotes désignés en accord avec les organisations professionnelles, sont chargés de contacter les équipages dont les procédures présentent des défaillances et de leur proposer une formation individualisée. Grâce à un mouchard à bord de l'avion, les paramètres de chaque vol sont, en effet, systématiquement enregistrés, puis analysés seconde par seconde au sol, ce qui permet de montrer tout comportement anormal.

source : http://www.lepoint.fr

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