Alors que la clientèle des pays émergents va devenir majoritaire sur les vols d'Air France au départ de la Chine, d'Inde ou du Brésil Alexandre de Juniac, le PDG de la compagnie française, évoque l'idée d'une sinisation ou d'une "brésilianisation" du produit à bord pour la capter.
Alors que la clientèle des pays émergents va devenir majoritaire sur les vols d'Air France au départ de la Chine, d'Inde ou du Brésil Alexandre de Juniac, le PDG de la compagnie française, évoque l'idée d'une sinisation ou d'une "brésilianisation" du produit à bord pour la capter.
« Nous nous posons la question de savoir s'il faut une offre française pour Air France -ce qui ne va pas de soi en fait- ou s'il faut la siniser pour la Chine ou la brésilianiser pour le Brésil ». C'est la question choc posée lundi au salon EVP du voyage d'affaires par Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France. Elle part du principe que la clientèle des pays émergents va devenir majoritaire au cours des prochaines années sur ses vols long-courriers au départ Chine, d'Inde, du Brésil… et que, pour la capter, Air France devra adapter ses prestations aux souhaits de cette clientèle. « Au cours des dix prochaines années, (et ce sera vrai dans les trois prochaines), 50 millions de personnes supplémentaires auront chaque année les moyens d'acheter un billet d'avion. Et ces nouveaux voyageurs seront plus situés en Chine, en Inde ou au Brésil qu'en France ou au Royaume-Uni. Cette croissance est structurelle. Elle a une conséquence directe : il va falloir que nous allions chercher des Chinois, des Brésiliens, des Indiens… et les convaincre de voler sur Air France-KLM », a déclaré Alexandre de Juniac.
Plus de personnels qui parlent leur langue
Le PDG a évoqué en aparté l'amélioration de l'offre de repas locaux à bord, mais aussi l'augmentation du nombre de personnels de cabine capables de parler leur langue. « Il faut être attentif à ce qu'il convient de faire pour cette clientèle mais aussi à la manière de présenter les choses », explique un observateur. Il y a déjà un plat local avec quelques membres d'équipage parlant la langue du pays, mais l'idée d'Alexandre de Juniac est d'aller beaucoup plus loin.
Faut-il des couteaux et fourchettes sur les vols au départ de Chine?
Les clients des pays émergents seraient-il insensibles à la « french touch » d'Air France ? « Ce qui est intéressant c'est quand nous interrogeons des clients français, ils nous disent de jouer français mais quand nous interrogeons des Chinois ou des Brésiliens ils nous disent de jouer chinois ou brésilien », a expliqué Alexandre de Juniac. Ce dernier s'est même livré à une anecdote. « Lorsqu'un avion revient de Chine, la moitié des passagers ne sait pas se servir des couverts avec des couteaux et des fourchettes et ont le sentiment de perdre la face. Doit-on mettre des couteaux et des fourchettes à bord? (…) cela apparaît comme un petit détail mais ce n'est pas aussi anecdotique que cela".
Hors de question d'abandonner le côté français
La montée en puissance du trafic aérien dans les pays émergents va-t-elle mettre en retrait la touche française d'Air France ? «Non, répond-on au sein d'Air France, il est hors de question d'abandonner notre le côté français. Nous garderons une touche française suffisante. Elle ne sera pas changée. L'offre pour les clients des pays émergents sera une offre supplémentaire, en complément de celle existante. Il y a France dans Air France.». Aux yeux de certains observateurs, le maintien de la touche française est en effet primordial en classe affaires car le luxe qu'elle véhicule permet de se démarquer de la concurrence dans les classes de voyage hautes contributions.
Le positionnement marketing d'un tel projet s'annonce néanmoins compliqué.
source : https://www.latribune.fr