Confronté à la concurrence croissante des compagnies régionales Air Austral, d'Air Caraïbes et de Corsairfly, filiale de Nouvelles Frontières, Air France lance le plan Domino. Celui-ci vise à améliorer la qualité de son offre et sa capacité d'adaptation aux évolutions du marché.
Confronté à la concurrence croissante des compagnies régionales Air Austral, d'Air Caraïbes et de Corsairfly, filiale de Nouvelles Frontières, Air France lance le plan Domino. Celui-ci vise à améliorer la qualité de son offre et sa capacité d'adaptation aux évolutions du marché.
Sur le réseau Caraïbes-océan Indien, comme ailleurs, l'heure est à la contre-offensive chez Air France. Durement éprouvé par la crise antillaise de février 2009, le réseau COI de la compagnie française s'est lui aussi engagé dans un plan de reconquête, afin de riposter à la concurrence croissante des compagnies régionales, Air Austral sur La Réunion et Air Caraïbes sur les Antilles, et de Corsairfly, filiale du groupe Nouvelles Frontières, sur les deux destinations.
Désigné en interne sous le nom de code « Domino » – un jeu très apprécié aux Antilles -, ce plan vise à la fois à améliorer la réactivité de la compagnie vis-à-vis des initiatives de la concurrence et à remédier aux faiblesses de son offre. Il est censé également contribuer à remobiliser les personnels des DOM inquiets de la contraction des parts de marché d'Air France sur ces lignes, des réductions d'effectifs et des nombreuses réorganisations internes ainsi que d'un possible transfert d'Orly à Roissy des dessertes, évoqué ces derniers jours, assorti de la rumeur d'une éventuelle alliance avec Corsairfly.
Inquiétudes injustifiées
Des sujets d'inquiétude injustifiés, à en croire Alain Malka, directeur général du réseau Caraïbes-océan Indien d'Air France qui y voit « un mélange des genres ». « Les réductions d'effectifs découlent du plan de départs volontaires, ce qui nous oblige à adapter notre organisation. Mais cela n'a rien à voir avec Domino, qui est un plan de développement », explique-t-il dans un entretien aux « Echos ».
Concernant l'idée d'un recentrage des dessertes des DOM sur Roissy, « l'idée a été avancée par certains responsables politiques régionaux, qui veulent développer le tourisme européen. Mais, en ce qui nous concerne, nous continuons de considérer que le coeur de notre activité est à Orly, où les vols sur les DOM peuvent bénéficier d'une meilleure alimentation par les liaisons domestiques qu'à Roissy », estime le dirigeant.
Quant à la rumeur d'une alliance avec Corsairfly, « elle a probablement été alimentée par l'arrivée à sa tête d'un ancien d'Air France (Pascal de Izaguirre, NDLR). Mais il ne s'agit que d'une rumeur et le nombre de nos concurrents n'est pas près de se réduire », affirme-t-il. Loin de s'affaiblir, la concurrence sur les Antilles et La Réunion s'est en effet considérablement renforcée au cours des dernières années, avec l'arrivée d'Air Caraïbes sur Paris-Cayenne, en décembre 2008, et la mise en ligne par Air Austral d'un deuxième Boeing 777 entre Paris et La Réunion, en mai dernier. Autrefois en situation de monopole sur la Guyane, Air France a vu son trafic fondre de 35 %, tandis que, sur La Réunion, sa part de marché est tombée aux environs de 30 % contre 40 % pour Air Austral, soutenu par les collectivités locales. Aux Antilles, Air France est parvenu à conserver une part de marché de 50 %, mais dans un contexte de déclin généralisé du trafic, qui oscille entre – 1 % et + 1 % par an, après avoir plongé de 19 % en mars 2009, au lendemain de la crise sociale antillaise.
D'où la volonté de profiter de la reprise générale pour tenter de relancer la dynamique, sans qu'il soit question pour autant d'innovations spectaculaires. « Le projet Domino a d'abord été conçu pour améliorer notre fonctionnement interne, afin de pouvoir réagir plus rapidement aux évolutions du marché, explique Alain Malka. Il vise également à renforcer la qualité de notre offre, sur la base d'un diagnostic, qui nous a permis d'identifier 80 points à améliorer. Concrètement, cela s'est déjà traduit par une meilleure réactivité tarifaire face à la concurrence ou encore des adaptations de l'offre, comme le passage de 5 à 7 vols de nuit sur La Réunion, préférés aux vols de jour par la clientèle. »
Meilleure réactivité tarifaire
Cet effort s'est également traduit par une prudente augmentation de l'offre, en hausse de 1,5 % sur un an à fin août, avec notamment la mise en ligne d'un Boeing 777 de 472 sièges sur Cayenne, en remplacement d'un A340 de 291 sièges. La tendance devrait se poursuivre cet hiver et l'été prochain, reconnaît Alain Malka, qui se refuse toutefois à avancer le moindre chiffre.
Même chose concernant l'installation de la nouvelle classe Premium, qui a fait son apparition sur la desserte de Saint-Martin. « Les A340 sont en train d'en être équipés. Après Saint-Martin, ce sera donc au tour de Tananarive », explique Alain Malka. Cayenne devrait suivre l'été prochain. En revanche, les B777 qui desservent les Antilles et La Réunion vont probablement devoir attendre 2012. De même, l'installation des nouveaux sièges affaires est également prévue… à une date non précisée.
Cela suffira-t-il à enrayer les progrès de la concurrence ? Corsairfly a annoncé, de son côté, un plan d'investissement massif pour rénover sa flotte et Air Austral prévoit la mise en ligne de deux A380 à l'horizon de 2014 ? Pour l'heure, la priorité d'Air France semble plus modeste : restaurer l'équilibre financier d'un réseau qui fut autrefois parmi les plus rentables de la compagnie.
Source : Les echos – Bruno Trévidic – 07 octobre 2010