Le groupe franco-néerlandais signe, aujourd'hui, un accord avec la première compagnie chinoise sur son marché domestique. Dans un entretien aux « Echos », Pierre-Henri Gourgeon, directeur général, souligne l'intérêt de cette nouvelle étape avec l'un de ses trois partenaires chinois.
Le groupe franco-néerlandais signe, aujourd'hui, un accord avec la première compagnie chinoise sur son marché domestique. Dans un entretien aux « Echos », Pierre-Henri Gourgeon, directeur général, souligne l'intérêt de cette nouvelle étape avec l'un de ses trois partenaires chinois.
Air France-KLM continue de creuser l'écart avec ses concurrents européens sur le très promoteur marché chinois. Déjà partenaire commercial de China Southern et China Eastern, respectivement deuxième et troisième compagnies chinoises, le groupe franco-néerlandais va passer à l'étape suivante, avec la signature aujourd'hui à Paris d'un accord de coentreprise avec China Southern. Conçu sur le modèle de l'accord de joint-venture en vigueur sur l'Atlantique Nord, il permettra aux deux compagnies de travailler en parfaite complémentarité sur les vols Paris-Canton, cette ville étant la base principale de China Southern, en partageant les recettes nouvelles à 50-50, dans le cadre d'une coentreprise virtuelle.
Jusqu'à présent, cette forme ultime de partenariat commercial, dernière étape avant une fusion pure et simple, était réservée aux principaux partenaires, Delta et Alitalia. Son extension à ses alliés chinois illustre ainsi l'importance stratégique accordé au marché chinois par Air France-KLM. « Cet accord va nous permettre d'aller bien au-delà des accords existants, souligne aux « Echos » Pierre-Henri Gourgeon, le directeur général du groupe, joint hier par téléphone. Il s'appliquera à compter du 1er novembre non seulement aux passagers voyageant entre Paris et Canton, mais aussi à ceux qui sont en correspondance aux hubs de Roissy-CDG et de Canton-Baiyun. A terme, nous allons également passer le même type d'accord avec China Eastern sur Paris-Shanghai. Ce devrait être chose faite fin 2011 », ajoute-t-il.
Parti en retard dans la course aux alliances en Chine, Air France-KLM est ainsi passé devant Lufthansa, allié à la première compagnie chinoise, Air China, et British Airways avec son partenaire historique Cathay Pacific. « En comptant 45 vols par semaine au départ de Paris et 39 depuis Amsterdam, nous sommes le plus important transporteur européen sur le marché chinois », se félicite Pierre-Henri Gourgeon.
Au-delà des accords existants
« En y ajoutant les 25 vols hebdomadaires de China Southern et de China Eastern, nous offrons au total 109 vols par semaine vers la Chine, ce qui nous place assez nettement devant Lufthansa et loin devant British Airways », complète le patron opérationnel du groupe aérien. Si Air China reste la première compagnie sur les liaisons entre l'Europe et la Chine, les deux partenaires d'Air France-KLM « sont les plus puissants sur leur marché domestique. China Southern a transporté, à elle seule, 66 millions de passagers l'an dernier, ce qui en fait la première compagnie chinoise en nombre de passagers », affirme Pierre-Henri Gourgeon.
Croissance très significative
Par ailleurs, l'alliance SkyTeam d'Air France-KLM est la seule alliance à avoir recruté non seulement deux compagnies de Chine continentale, mais aussi la principale compagnie de Taiwan, China Airlines, qui a fait acte de candidature la semaine dernière. « L'arrivée de China Airlines s'est faite en plein accord avec nos partenaires chinois », indique le dirigeant.
Le transporteur européen peut d'autant plus se frotter les mains que le marché chinois a été l'un des premiers à sortir de la récession et qu'il affiche aujourd'hui les meilleures performances.
« Grâce à la Chine et à l'Inde, l'Asie est le secteur géographique sur lequel nous enregistrons la plus forte progression du chiffre d'affaires et de la recette unitaire, devant l'Amérique latine et l'Amérique du Nord, poursuit la patron d'Air France-KLM. Sur l'Asie, nous sommes en croissance très significative, même par rapport au niveau d'avant la crise. » En revanche, le projet de joint-venture cargo avec China Southern, qui avait été gelé durant la crise, reste toujours en suspens. Les autorités chinoises envisagent en effet de regrouper certaines compagnies.
« Nos partenaires chinois sont en train de réfléchir à leur stratégie cargo, explique Pierre-Henri Gourgeon. Nous attendons leur décision. Mais nous restons très ouverts à une coopération dans ce domaine. »
Source : Les Echos – Bruno Trévidic – 21 septembre 2010
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Le commentaire du SNPNC :
Les JV ne correspondent pas à des structures particulières en droit français, elles sont simplement une forme d'association, sur un sujet bien déterminé, entre deux entreprises ou plus. Les JV peuvent être de deux types : capitalistiques ou contractuelles. Celle signée le 20 mai 2009 entre AF-KLM et Delta Air Lines pour une durée de dix ans est du second type. Elle porte sur l'exploitation en commun et sur le partage des recettes et des coûts de leurs liaisons transatlantiques.
Chacune des entreprises participant à la JV prend les mêmes risques, s'engage et investit ses ressources de manière identique, avec pour objectif commun d'optimiser les gains. Un tel accord, plus haut degré de partenariat commercial à l'exclusion d'une fusion, permet d’aller bien au-delà du simple partage de codes.
Air France – KLM aime bien les JV puisque "Nous allons accroître la taille de nos partenariats avec Alitalia, la coentreprise que nous avions signée en 2001 avec la compagnie est évidemment maintenue et nous allons signer une nouvelle JV entre KLM et Alitalia", a expliqué Pierre-Henri Gourgeon au cours d'une conférence de presse tenue le 13 janvier 2010.
Lors de la cérémonie d'ouverture de la ligne CDG/JNB en A380, le Directeur Général avait déjà également annoncé qu’Air France et China Southern Airlines (membre de Skyteam) allaient établir, pour la ligne Paris-Guangzhou, un partenariat qui débuterait en octobre suivant. Un haut responsable de China Southern avait indiqué que les deux parties signeraient un accord de joint venture comme celui liant AF-KLM et Delta. D'après lui, la ligne CDG/CAN ouverte depuis plusieurs années ne génère pas de recettes satisfaisantes à cause des coûts élevés et de la forte concurrence.
Les prix des billets, le schéma des vols et le coût des services ont été traités lors de la négociation. Nouveau levier de réduction des coûts, la JV est prisée au plus haut niveau de notre entreprise, au point de constituer un maillage de plus en plus complexe entre les membres de Skyteam. Un point reste préoccupant : quel peut être à terme l’impact des JV pour les salariés d’Air France en général et le PNC en particulier ? Est-on bien sûr qu’il soit neutre ?…