À Osaka, au sud de Tokyo, les Français sont toujours plus nombreux à quitter le pays. Tout en croyant qu'ils auraient tout aussi bien pu rester. À l'aéroport Narita de Tokyo comme à celui d'Osaka, les Européens font la queue aux guichets d'embarquement pour quitter le pays et fuir le danger de la centrale de Fukushima.
À Osaka, au sud de Tokyo, les Français sont toujours plus nombreux à quitter le pays. Tout en croyant qu'ils auraient tout aussi bien pu rester. À l'aéroport Narita de Tokyo comme à celui d'Osaka, les Européens font la queue aux guichets d'embarquement pour quitter le pays et fuir le danger de la centrale de Fukushima.
Les retours s'accélèrent. Air France a mis sur sa ligne Paris-Osaka des Boeing 777 version Caraïbes-océan Pacifique. Ils peuvent accueillir plus de 400 passagers en classe économique, deux fois plus que les appareils qui assurent la liaison en temps normal. À l'aller, ils sont souvent à moitié vides. Au retour, ils affichent complet, ou presque. Le temps d'escale des équipes, lui, a en revanche été divisé par deux. Pour des raisons de sécurité, depuis que les autorités japonaises ont perdu le contrôle de la centrale de Fukushima, ils ne restent plus que vingt-quatre heures sur place au lieu des quarante-huit habituelles.
Le niveau 4 de l'aéroport d'Osaka, qui s'ouvre sur la mer, est celui des départs pour les vols internationaux. Ce dimanche matin, l'ambiance est celle des jours de grande affluence, mais elle reste étonnamment calme. Dans les longues queues qui se forment devant les guichets d'embarquement, presque tous les Européens qui quittent le Japon s'en vont à cause de la centrale de Fukushima. Aucun n'est vraiment sûr d'avoir raison, mais tous s'étonnent de voir qu'il existe un fossé entre les médias japonais et internationaux dans leur façon de rendre compte des événements. « On ne comprend plus rien. On ne sait pas qui il faut croire. C'est très déstabilisant », regrette une mère de famille qui s'envole pour la Suisse avec son jeune enfant.
Ce jeune cadre travaille pour un grand constructeur automobile européen. Lui aussi s'est résolu à rentrer après avoir longtemps hésité. « Je suis le dernier à partir. Tous les salariés qui restent sont japonais. Le patron nous a quittés dès le premier jour. » Sans ses proches, dit-il, il serait probablement resté. « Ils m'ont mis la pression. Ce qu'ils voient en France à la télévision leur fait peur. Mais, d'après ce que l'on voit ici, il n'y a pas de raison de paniquer. »
« Ici, ça ne craint rien »
Le long de la route qui mène à Osaka, les jeunes jouent au base-ball et des canoës glissent sur un immense plan d'eau, comme si de rien n'était. « Ici, ça ne craint rien », croit pouvoir confirmer un chercheur qui s'apprête pourtant à embarquer. En poste à Tokyo, il avait abandonné la capitale au milieu de la semaine dernière pour se mettre au vert dans un petit hôtel de Kyoto, en attendant des jours meilleurs. Cela n'a pas suffi. « Mes parents me tannent. Ça m'énerve. Je reviendrai dans deux ou trois semaines. »
Le collègue qui l'accompagne se donne un délai supplémentaire. Les deux hommes ont quitté Tokyo le même jour, mais lui a choisi de patienter dans un hôtel d'Osaka. « Tous mes copains me quittent », constate-t-il sans juger. « Ils s'en vont dans les pays voisins ou ils rentrent chez eux. Pour l'instant, je reste. Il faut que je retourne à Tokyo pour voir si j'ai reçu les pastilles d'iode commandées sur Internet. J'étais allé en demander à l'hôpital et à la police, mais personne n'était au courant. » Pour la plupart des travailleurs japonais, le problème semble plus simple à régler : « Les patrons leur disent de rester à leur poste et de faire confiance au gouvernement. »
Source : SudOuest – Pierre Tillinac – 21 mars 2011