Vendredi 25 novembre, l’information fait le tour des radios : un avion d’Air France a été immobilisé à Boston, après la découverte qu’il manquait une trentaine de vis sur une plaque. Cet avion sortait d’une visite d’entretien de trois semaines en Chine. Nombreux sont les passagers qui choisissent Air France parce que c’est une grande compagnie qui assure son propre entretien.
Vendredi 25 novembre, l’information fait le tour des radios : un avion d’Air France a été immobilisé à Boston, après la découverte qu’il manquait une trentaine de vis sur une plaque. Cet avion sortait d’une visite d’entretien de trois semaines en Chine. Nombreux sont les passagers qui choisissent Air France parce que c’est une grande compagnie qui assure son propre entretien.
La révélation a provoqué des réactions embarrassées de la direction d’Air France : « nous ne faisons que peu d’avions en sous-traitance, seulement sept cette année… » Mais cet argument est stupide, comment le passager peut-il savoir qu’il ne sera pas sur l’un des sept ? Et il est mensonger, les avions sont bien plus nombreux. Air France développe cette sous-traitance, diminue depuis des années les effectifs de ses centres d’entretien.
Air France, en pleine déroute médiatique, annonce par la voix de son nouveau président Alexandre de Juniac : « On a arrêté d’envoyer nos avions pour l’instant. » Déclaration qui ne coûte rien car aucune autre visite n’était prévue dans l’immédiat en Chine. Mais qui révèle l’embarras.
La compagnie a choisi depuis longtemps de suivre la route du profit. Et n’hésite pas à prendre des risques, comme celui d’envoyer réviser les avions dans des pays à bas coût salarial. Air France multiplie les partenariats en Chine, au Maroc, aux Émirats, en Inde…
Le problème de l’entretien dans ces pays n’est pas que les travailleurs ne pourraient acquérir les mêmes qualifications, mais que ces pays, pour maintenir les bas salaires, font régner l’ordre vertical et ne tolèrent pas les libertés (presse, syndicats…). La tentation est grande de cacher les défauts éventuels, une fois l’avion rhabillé, on ne voit rien.
Défendre un entretien de qualité, pour la sécurité des passagers, c’est se battre pour de bonnes qualifications, à une époque ou les diminutions d’effectifs poussent l’employeur à développer la polyvalence à tout crin. C’est revendiquer des salaires corrects, 1 800 euros minimum, au moment où Air France, l’œil rivé sur le cours de l’action (qui se traîne à 4 euros alors que la mise en Bourse s’est faite aux alentours de 15) annonce des mesures d’austérité salariale pour janvier (blocage des salaires…), et des mesures plus rudes en juin, après les élections présidentielles : la direction parle de « transformation de l’entreprise »…
Le mécontentement des salariés est important quand, au même moment, ils apprennent que le PDG sortant, M. Gourgeon, part avec une indemnité de 1 400 000 euros, en plus de sa retraite complémentaire chapeau (350 000 euros annuels…). Encore plus quand ils apprennent que le nouveau PDG, de Juniac, né à Neuilly, fait partie de la bande des copains et coquins hébergés dans la résidence colombienne du pote de Sarkozy…
La direction refuse de communiquer sur le salaire d’embauche, qui doit lui aussi tourner autour du million d’euros, bien supérieur au salaire d’embauche d’un mécanicien avion : 1400 euros net par mois !
Des luttes en perspective, pour la défense du métier et de nos conditions de vie, contre les rapaces !