La Chambre des comptes a identifié un nouveau prétendant au concours du lancer d’argent public par les fenêtres. Ces dix dernières années, Air Calédonie, héritière du pionnier Transpac, a coûté 2,3 milliards de francs au contribuable calédonien, rien que pour compenser ses pertes. Et pour se retrouver, aujourd’hui encore, avec une santé financière précaire et des problèmes structurels intacts.
En novembre, le cabinet privé KPMG avait déjà livré un audit au gouvernement (notre édition du 22 novembre). Le document dressait un état des lieux en 2009, une sorte de photographie de la compagnie. Aircal était dans « une situation proche de la cessation de paiement », disait le bureau d’étude, qui attribuait la situation à plusieurs facteurs.
Avec ses 64 pages, le rapport de la CTC ne dit pas autre chose. La nouvelle flotte est inadaptée aux pistes, trop courtes, qui obligent les pilotes à décoller avec seulement 80 % du remplissage optimal. Les tarifs réduits (54 % des passagers) ne permettent pas de couvrir des dépenses en constante augmentation, entre une masse salariale trop importante et des frais d’exploitation galopants. Au bout du compte, aucune liaison n’est rentable, et chaque jour qui passe creuse le déficit. Fin 2009, il taquinait les 400 millions, ce qui a obligé le Congrès et les provinces à voter une rallonge de 300 millions, en décembre.
Des décisions faussées par « l’immixtion permanente d’intérêts politiques ou communautaires »
Mais les magistrats de la Chambre vont plus loin que cela. Ils reprennent les bilans comptables jusqu’en 2000, et rappellent les différentes politiques mises en œuvre par la direction, le conseil d’administration et le gouvernement, principal actionnaire. Verdict : les handicaps de la compagnie sont connus depuis longtemps, et de coûteuses dérives ont eu le temps de s’installer. C’est qu’en parallèle de la gestion proprement dite, les décisions ont été faussées par « l’immixtion permanente d’intérêts politiques et/ou communautaires », indique sobrement la Chambre, sans donner d’exemple précis.
Alors que le bateau coulait, les membres d’équipage ont toujours préféré se battre entre eux. Ce sont les contribuables et les voyageurs à plein tarif qui se sont chargés d’écoper, et qui devront encore le faire en 2010.
Source : Les nouvelles calédonienne – Marc Baltzer – 31 janvier 2010