Suppression de la desserte de Touho, grosse menace sur celles de Koumac et Bélep, et diminution de l’offre de sièges sur les autres lignes. Un mois après la sortie du rapport calamiteux de la Chambre des comptes sur la gestion et les finances d’Aircal, le gouvernement donne les premiers coups de tronçonneuse.
Suppression de la desserte de Touho, grosse menace sur celles de Koumac et Bélep, et diminution de l’offre de sièges sur les autres lignes. Un mois après la sortie du rapport calamiteux de la Chambre des comptes sur la gestion et les finances d’Aircal, le gouvernement donne les premiers coups de tronçonneuse.
Il fallait s’y attendre depuis l’audit effectué en fin d’année dernière, et plus encore depuis le cinglant rapport rendu par la Chambre territoriale des comptes. Aircal est au plus mal, toutes ses dessertes perdent de l’argent, la compagnie domestique est structurellement déficitaire et ne survit depuis des années que grâce à des perfusions d’argent public.
Conséquence, le gouvernement a pris un premier train de mesures en forme de remède de cheval. Par arrêté adopté en collégialité, et apparemment sans avoir consulté préalablement le conseil d’administration de la compagnie.
La première décision n’est qu’une confirmation. La location d’un ATR 72 auprès d’Air Tahiti ne sera pas reconduite. Elle prendra fin le 18 mars. Le retrait de cet avion coïncidera avec l’envoi en grande révision d’un ATR 42 d’Aircal. Conséquence, avec deux appareils de moins, les dessertes aériennes seront sévèrement réduites pendant deux semaines. L’île des Pins perdra dix-huit rotations, Lifou onze, Ouvéa et Maré quatre chacune.
Le gouvernement a pris un premier train de mesures en forme de remède de cheval
Autre coupe sombre, la desserte de Touho sera arrêtée, vraisemblablement à compter du 1er avril. La liaison vers Belep via Koumac pourrait subir le même sort. En fait, le gouvernement affiche clairement la couleur. Le maintien de ces lignes dépendra de la signature d’une convention financière avec la province Nord « avant le 31 mars 2010 ».
Il faut se souvenir que si toutes les lignes d’Aircal sont déficitaires (y compris l’île des Pins et Lifou), les liaisons vers Touho ne connaissent un taux de remplissage que de 23 %.
C’est clair, un bras de fer s’est engagé entre le gouvernement (actionnaire à 50 % d’Aircal), et la province Nord,
(actionnaire à 15,5 %) qui s’est toujours fait tirer l’oreille pour contribuer au déficit des lignes qui la desservent. Au passage, c‘est un coup dur pour la compagnie Air Loyauté qui met ses Twin Otter au service d’Aircal pour ces liaisons à petit gabarit. En revanche, la liaison vers Koné sera maintenue, puisque la demande en sièges est croissante.
Ce qui est sûr, c’est que sur la période allant du 1er avril au 31 octobre prochain, il y aura moins de sièges disponibles sur les deux plus grosses destinations d’Aircal que sont l’île des Pins et Lifou.
Des mesures suffisantes ?
Ces premières mesures seront-elles suffisantes pour remettre Aircal en situation d’équilibre ? Sans doute pas. Y en aura-t-il d’autres et à quelle échéance ? Hier, il était difficile de joindre le membre du gouvernement en charge du secteur. Les dirigeants d’Aircal étaient également « très pris ». Tout ce qui a filtré, c’est une forme de résignation. Il fallait en passer par là même si, quand on est transporteur, on préfère les augmentations de trafic aux diminutions. « Avec un avion de moins, nous ne pourrons plus offrir le même service. Nous transporterons moins de passagers et il y aura des insatisfaits, déplore un des cadres. Mais il est évident que la compagnie a besoin de se restructurer en profondeur. »
Grand absent des premières mesures annoncées par le gouvernement, le prix des billets. Trop de tarifs réduits imposés par les autorités politiques à la compagnie, et pas toujours avec les contreparties nécessaires. Et pour le moment, pas de refonte de la tarification avec l’introduction des variables pratiquées dans les principales compagnies en fonction des taux de remplissage.
Source : Les nouvelles calédoniennes – Philippe Frédière – 03 mars 2010