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Presse : Le retour de RYANAIR mais à quel coût social ?

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La compagnie irlandaise au modèle contesté réinstalle trois avions à Marseille-Provence.

Mercredi 12 Juin 2019.

Marseille-Malaga à 50 €, Bordeaux-Rome à 40 € ou encore Brest-Porto à 60 € : en 2018, la compagnie irlandaise Ryanair aura encore transporté 139,2 millions de passagers, séduits par ces liai- sons aériennes à bas coût. L’Europe ou le Maghreb à portée d’aile, pour le prix d’un resto ou d’un jean : "Il faut toujours se de- mander ce qui se cache derrière un tout petit prix", rappelle Arnaud Dole, steward chez Air France et secrétaire général ad- joint du SNPNC-FO.

Michael O’Leary,
le big boss de Ryanair, rencontre la presse
à Marignane ce matin.

 

Majoritaire dans les compagnies françaises, ce syndicat des personnels navigants commerciaux (PNC) estime que le modèle de Ryanair repose aussi sur la précarité de ses propres salariés. "Tout simplement des pauvres", décrit laconiquement Arnaud Dole, "tombé de sa chaise" après avoir rencontré certains de ces personnels, pos- tés depuis avril sur les deux nouvelles bases françaises de Bordeaux et Marseille – deux autres doivent ouvrir d’ici fin 2019 à Toulouse puis Beauvais. La pré- cédente base marseillaise avait été fermée par la compagnie.

en 2011 (lire aussi ci-dessous) à la suite de ses déboires en justice ; depuis lors, elle n’em- ployait plus de personnels affectés en France.

Pour son retour, Ryanair a mis près de 200 M€ et aura bien- tôt trois avions postés en permanence sur le tarmac de Marignane. Ce déploiement s’ac- compagne de l’ouverture de 11 nouvelles lignes, soit 150 vols hebdomadaires au départ de Marseille. Un retour chaleureusement accueilli par les ins- tances locales : "Avoir une base Ryanair est un bel atout, applaudissait ainsi en septembre Phi- lippe Bernand, président du directoire de l’aéroport, qui ne souhaitait pas s’exprimer hier. Le low cost c’est 25 % de part de marché et notre objectif est de doubler cette part." Une satisfaction qu’il devrait répéter ce mi- di aux côtés de Michael O’Leary – le big boss de la compagnie ir- landaise faisant le voyage – lors d’une conférence de presse à Marignane.

Ce sera aussi l’occasion d’évoquer les inquiétudes du SNPNC-FO quant à la centaine de personnels de Marseille et Bordeaux. Recrutés directe- ment par Ryanair en Grande-Bretagne, venus de

toute l’Europe (Hongrie, Pologne, Italie, Roumanie, France également), ces jeunes salariés, hôtesses et stewards, "pensaient pouvoir bénéficier de la protection sociale française" et disent déchanter: "Ils s’attendaient à toucher le Smic, or leurs premiers salaires sont de 600, 500 € et même moins de 300€ !, indique Arnaud Dole. Nous n’avions jamais vu une chose pareille en France."

À Marignane, l’automne der- nier, Eddie Wilson, le responsable des ressources humaines de Ryanair l’assurait pourtant: "Nous appliquerons le droit lo- cal (français) pour les contrats. Les salaires iront jusqu’à 40 000 ¤/an pour le personnel ca- bine." Une promesse allé- chante que ne semblent pas confirmer les contrats de 34 pages signés par les PNC des bases françaises. Un exemple: le salaire brut de base d’un steward y est annoncé à 10253¤ par an… primes, indemnités mais aussi heures supplémentaires incluses. "Soit 657,90¤ nets par mois", s’étrangle Arnaud Dole qui rappelle que c’est le Code de l’aviation civile qui encadre le travail des personnels volants (75 h de vol mensuelles). "Là, on voit que quelqu’un qui fait des heures de nuit, avec des amplitudes de plus de 13h, sept jours consécu- tifs, a un salaire inférieur au Smic."

À titre d’exemple, chez Volotea, que le SNPNC-FO garde aussi à l’œil, un steward débu- tant gagne le Smic et chez easy- jet ou Air France, environ 1 800 ¤. "Dans le cas de Ryanair, on se demande si la compagnie

ne prélève pas sur les salaires les charges patronales, on essaie de comprendre", s’interroge Arnaud Dole, perplexe devant les elliptiques bulletins de paie réunis par son syndicat. D’autres soulèvent la possibilité d’un prélèvement à la source de l’impôt… irlandais sur ces premiers salaires.

 

10243 € bruts par an, heures sup’ incluses, le salaire de base d’un steward.

 

Le SNPNC-FO a pu rencontrer certains de ces personnels soumis à une stricte confidentialité : "On a vu des gens contraints de se payer une chambre de Formule 1 à cinq", ou de se "nourrir en mangeant ce que les passagers laissent dans les avions". C’est que la politique maison est drastique: chez l’Irlandais, le personnel paye tout, sa formation, son uni- forme, son parking à l’aéroport, et jusqu’à la bouteille d’eau à bord.

Sollicité, Ryanair a jugé de "pas avoir de disponibilité" pour nous répondre dans le dé-lai imparti à la parution de cet article. "Les équipages de cabine de chacune de nos bases commencent et terminent leur jour-née dans leur ville d’origine, bé-néficient de tableaux de service favorables, de formidables op-portunités de promotion", avait toutefois assuré la compagnie au Monde, qui avait révélé la situation.

Saisie, l’Inspection du travail a déjà délivré un PV à la compagnie, l’interrogeant sur "les graves dysfonctionnements ap- parents et/ou possibles infractions relatives à la rémunération et au travail dissimulé" dé- noncés par le syndicat. Des PNC "très largement rémunérés en deçà du salaire minimum et de la rémunération mensuelle minimale applicables aux sala- riés français" qui pourrait se ré- véler "un grave manquement à l’ordre public social", note l’inspecteur du travail bordelais. Il rappelle qu’au-delà de la 76e heure mensuelle de vol, s’applique bien "une majoration salariale obligatoire de 25 %".

Le SNPNC-F0, qui a aussi sollicité les ministères du Travail et des Transports, estime que Ryanair exploite une brèche ou- verte par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) : une réglementation qui "ne devrait en aucun cas servir à encadrer les conditions de travail des PNC ni se substituer au droit national."

"Le marché intérieur n’est pas une jungle : il comporte des règles claires sur (…) la protection des travailleurs", avait tan- cé en écho la commissaire euro- péenne aux Affaires sociales, Marianne Thyssen. En raison de règles sociales européennes qu’ils jugent "minimalistes", les PNC français craignent bel et bien de se perdre dans cette jungle : "Le risque est que nos propres compagnies finissent par ne plus appliquer que cette réglementation moins disante."

 

Delphine TANGUY

 

Source : la Provence

 

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