Carolyn McCall, patronne d'Easyjet : "C'est très dur pour une compagnie nationale d'opérer en low cost. Elle n'a pas l'état d'esprit qu'il faut pour le faire. Vous voyez ici comment nous travaillons. L'organisation n'est pas hiérarchique. Nos circuits de décision sont très courts. Nous sommes orientés service à chaque minute. Nous sommes capables d'ouvrir douze ou treize lignes en quelques jours. Le low cost est un état d'esprit".
Carolyn McCall, patronne d'Easyjet : "C'est très dur pour une compagnie nationale d'opérer en low cost. Elle n'a pas l'état d'esprit qu'il faut pour le faire. Vous voyez ici comment nous travaillons. L'organisation n'est pas hiérarchique. Nos circuits de décision sont très courts. Nous sommes orientés service à chaque minute. Nous sommes capables d'ouvrir douze ou treize lignes en quelques jours. Le low cost est un état d'esprit".
INTERVIEW – Carolyn McCall, patronne d'Easyjet, deuxième transporteur aérien en France, réagit au lancement de Hop! Les vols débutent dimanche.
Les postes de travail sont alignés par dix sous le vaste hangar à avions de l'aéroport de Luton, au nord de Londres, siège d'Easyjet. Le bureau de Carolyn McCall est en bout de rangée. Rien ne le distingue de celui de son assistante et des 400 autres collaborateurs du plateau. L'ancienne patronne du groupe de presse The Guardian, à la tête de la compagnie britannique depuis trois ans, a l'esprit low cost. Elle décrypte pour le JDD la stratégie de son groupe et de son "nouveau" concurrent, Hop!.
Y a-t-il encore de la place pour des compagnies low cost en France?Le potentiel du marché est énorme. Le taux de pénétration des transporteurs à bas coût ne dépasse pas 24%, contre 46% en moyenne en Europe. Nous savons où nous pouvons gagner de l'argent et c'est le cas en France, même si nous ne voulons pas entrer dans tous les aéroports et à n'importe quelle condition. Mais nos prix et notre marge y sont bons, nos équipes sur place de qualité. S'y développer reste une priorité pour Easyjet, même s'il n'y a pas un pays en Europe comme la France où la compagnie nationale est aussi présente…
Redoutez-vous la concurrence de Hop! que lance aujourd'hui Air France?
C'est très dur pour une compagnie nationale d'opérer en low cost. Elle n'a pas l'état d'esprit qu'il faut pour le faire. Vous voyez ici comment nous travaillons. L'organisation n'est pas hiérarchique. Nos circuits de décision sont très courts. Nous sommes orientés service à chaque minute. Nous sommes capables d'ouvrir douze ou treize lignes en quelques jours. Le low cost est un état d'esprit.
«Nos avions volent dix heures par jour. Le temps entre deux rotations d'un appareil est ramené à 25 minutes.»
Vous allez donc continuer à investir en France?
Avec 10 millions de passagers transportés en 2012, nous sommes déjà la deuxième compagnie du pays. Et nous continuons à multiplier les destinations comme le Lille-Genève inauguré vendredi et qui devrait attirer 30.000 passagers supplémentaires par an. Pour nous développer, nous avons créé cinq bases régionales où sont stationnés des appareils. Car contrairement à des concurrents comme Ryanair, nous sommes français en France. Nous avons adopté la législation locale. Les 950 salariés que nous y employons ont un contrat français. C'est beaucoup plus compliqué et aussi beaucoup plus cher.
Comment fonctionne votre modèle?Il repose sur une grande utilisation de tous les actifs. Nos avions volent dix heures par jour. Le temps entre deux rotations d'un appareil est ramené à vingt-cinq minutes, quand les infrastructures de l'aéroport le permettent. Nous sommes aussi très efficaces dans notre gestion du carburant. Nos équipages sont formés à cela et nos appareils ont une moyenne d'âge de quatre ans.
Vous avez fait récemment quelques entorses au modèle comme celle d'attribuer les fauteuils à bord?
Les passagers l'attendaient, surtout la clientèle business qui représente en France jusqu'à 40% sur certaines lignes, contre 18% en Europe. Nous avons fait des tests pendant des mois, pour vérifier que cela n'affectait pas le modèle. Mais c'est dans la philosophie d'Easyjet de changer les règles, de créer et de généraliser de nouveaux standards comme la carte d'embarquement électronique ou la dépose bagage automatique.
Ce type de services ne fait-il pas grimper les prix?La tendance est à une augmentation annuelle de l'ordre de 4 à 5%. Surtout, le coût du carburant a progressé de 33% ces dernières années et atteint l'an dernier pour nous une facture de 1,4 milliard d'euros. Il faut le répercuter. Le prix moyen chez Easyjet reste à 70 euros. Et sur ces billets, notre profit n'atteint pas les 6 euros! Notre structure permet de l'amortir. Cela sera plus compliqué pour Air France.
source : http://www.lejdd.fr