Même si les résultats du 1er trimestre sont négatifs, les perspectives de réservation pour le reste de l’année sont encourageantes. Nouveaux partenariats et recapitalisation, l’actualité du Groupe est dense.
RESULTATS DU 1ER TRIMESTRE ET PROBLEMATIQUES PNC
Des résultats négatifs mais de l’optimisme pour la suite …
Le premier trimestre est traditionnellement difficile en termes de résultat pour les compagnies aériennes. Si pour la première fois depuis le début 2020, celui du 4ème trimestre était repassé en positif, le Groupe AF bascule de nouveau en territoire négatif avec un résultat de -361 millions. Omicron est passé par là.
Le résultat net du trimestre est à -480 millions et dégrade à nouveau les fonds propres (-5,8 milliards fin mars 2022 en norme comptable française).
Le surcoût du prix du carburant est reporté en grande partie sur les prix des billets et, bonne nouvelle à ce stade, cela ne semble pas freiner les importants engagements de réservations pour les mois à venir. En revanche, si la hausse du carburant perdure, cela devrait peser sur nos résultats annuels car les effets positifs de notre couverture carburant vont s’atténuer au fur et mesure.
Des raisons d’espérer : Le programme-été devrait s’approcher de notre offre d’avant COVID. La réduction des effectifs, la restructuration du domestique et la trajectoire vers une flotte plus propre montrent leurs effets positifs sur nos coûts : stables, voire en baisse pour l’activité passage, malgré une forte inflation.
Dans ce contexte toujours incertain, l’objectif du Groupe reste le même : viser l’équilibre pour 2022. Mais surtout, c’est bien la stratégie de désendettement qu’il compte accélérer.
Un EPS (Employee Promoter Score) en baisse et des irritants côté PNC
J’ai alerté lors du dernier CA sur ce point : la baisse du niveau de l’EPS notamment sur l’item « mesures de reconnaissances ». Cela doit être pris en compte et des réponses concrètes doivent être apportées. J’ai rappelé que nous, PNC, gérons au quotidien de nombreux dysfonctionnements liés :
- Au catering et au nouveau prestataire PMR à CDG,
- À un projet de montée en gamme avec dans le même temps les premières cabines 350 qui « vieillissent » vite et mal,
- Aux aménagements-galley difficiles,
- À des prises de commande impossibles avec des IPAD obsolètes,
- À des interprétations très personnelles de l’accord collectif PNC AF par l’Entreprise,
- Au retour des bétons à rallonge sur CC et MC,
- À des inquiétudes sur le dimensionnement et la gestion des effectifs pour l’été.
Tous ces irritants quotidiens peuvent être démotivants et ne répondent pas aux ambitions que le groupe semble avoir pour… ses clients.
RECAPITALISATION ET REFINANCEMENT
Des perspectives qui soutiennent notre trajectoire de désendettement et donnent des signaux positifs en externe.
Pour rappel nous avons souscrit pour AF, un prêt garanti par l’État (PGE) de 4 milliards (500 millions ont été remboursés fin 2021) et un prêt direct de l’État de 3 milliards (que l’on appelle aussi “des titres subordonnés”, les intérêts sur ces titres sont croissants avec le temps).
Le Groupe AFKLM vient d’annoncer une augmentation de capital de 2,256 milliards d’euros qui aura lieu dans les prochains jours. Le but est de rembourser les “aides de recapitalisation” (prêt direct de l’État pour AF) et de se libérer, notamment, des conditions posées par la Commission Européenne. Par exemple l’interdiction de prendre plus de 10% du capital d’une entreprise du secteur tant que 75% des aides ne sont pas remboursées).
Les points clés du partenariat CMA CGM
CMA CGM société française (53 milliards de CA et 19 milliards de bénéfice), 3ème armateur mondial en termes de fret maritime et AFKLM s’engagent dans un partenariat sur le long terme (durée initiale de 10 ans), sous réserve de la validation par la Commission Européenne et des autorités compétentes.
L’enjeu pour CMA CGA et AFKLM est multiple :
- devenir le champion européen en termes de réseau et capacités fret
- figurer dans le TOP5 des leaders mondiaux, en commercialisant conjointement leurs capacités de fret aérien.
En contrepartie, CMA CGM s’engage à monter au capital à hauteur de 9% max. Par le soutien de ce nouvel investisseur, AFKLM pourra donc compter sur de nouveaux capitaux (jusqu’à 400 millions) lors de la nouvelle phase de recapitalisation qui vient d’être annoncée.
Mais c’est aussi :
- Un message positif sur les marchés financiers ; AFKLM montre que le Groupe est capable de créer de nouveaux partenariats et d'attirer des investisseurs .
- La possibilité de desservir les principaux ports et aéroports dans le monde entier.
- Le partage de savoir-faire tout en gardant une indépendance (il ne s’agit pas d’une fusion)
Des discussions avancées avec le fonds de pension américain APOLLO GLOBAL MANAGEMENT
Quelques points clés pour résumer ce montage ultra-complexe, soumis à l’aval de la Commission Européenne :
- Il s’agirait pour cet investisseur d’injecter 500 millions dans une filiale d’AFKLM propriétaire de moteurs.
- Il ne s’agit pas d’injecter cette somme au capital (APOLLO ne deviendra donc pas actionnaire) mais bien d’une opération purement financière.
- Cette somme pourrait servir à rembourser une partie du prêt direct de l’État et participerait à notre désendettement.
- Les intérêts versés à APOLLO seraient inférieurs à ceux que nous devons payer à l’État.
VU DANS LA PRESSE EN MAI 2022
4000 postes à pourvoir dans les aéroports parisiens – Easyjet qui réduit la capacité de ses avions – British qui annule ses vols faute de personnel – Des PNC en grève en France.
- Emploi : les aéroports de Paris ont 4000 postes à pourvoir (France Info 11/05/2022)
“Alors que le trafic aérien reprend après deux ans de pandémie, les Aéroports de Paris manquent de 4 000 salariés dans différents domaines. Ils ont besoin d'agents de sécurité, d'agents d'entretien, de caristes, de bagagistes. »
Commentaire : L’été est un moment stratégique, les infrastructures ADP et, pour le Groupe AF, la dimension de nos effectifs sera-t-elle à la hauteur ? Pour nous PNC AF, assurer plus de 90% du programme été 2019 avec 10% des effectifs en moins semblerait possible. Sauf que nous avions, dans le passé, un renfort de centaines de PNC étudiants sur la pointe été.
- Selon le Financial Times, British Airways a été contrainte de réduire ses horaires de vol pour l'été car elle a du mal à embaucher du personnel assez rapidement pour répondre à la demande renouvelée de voyages, après avoir supprimé près de 10000 emplois pendant la pandémie.
- Dans le Parisien du 9 mai, on apprend qu’« EasyJet retire des sièges de ses avions pour faire face à une pénurie de personnel. La compagnie low-cost, déjà fortement touchée ces deux dernières années par la pandémie deCovid-19, retire six sièges de chacun de ses A319 au Royaume-Uni pour limiter ses besoins en salariés. Cet été, nous exploiterons notre flotte d’A319 auRoyaume-Uni avec un maximum de 150 passagers à bord et trois membres d’équipage au lieu de quatre habituellement, a précisé EasyJet. Habituellement, ces vols peuvent transporter jusqu’à 156 passagers. »
Commentaire : EasyJet et British Airways Groupe IAG ont eu pour stratégie de couper brutalement dans les effectifs, en particulier côté PN. Il semble que la stratégie d’AFKLM, moins abrupte, soit meilleure. Malgré tout, les efforts sont souvent portés par les salariés qui restent et il faudra savoir anticiper les besoins en effectifs. Notons qu’à la différence de nos concurrents, aucun vol n’a été annulé suite au pic épidémique de la vague Omicron.
- Grève PNC chez Volotea, Ryanair (La dépêche 20 mai 2022). La révolte des PNC aux salaires ultra low cost :
« Des syndicats de Ryanair menacent de déclencher une grève cet été. Le personnel de cabine réclame un véritable dialogue social. Le personnel de cabine de cinq pays – Belgique, France, Italie, Portugal et Espagne – se plaint du manque de "dialogue social équitable et transparent" au sein de la compagnie irlandaise connue pour ses tarifs défiants toute concurrence. En Belgique, le personnel de cabine a déjà observé une grève de trois jours il y a un mois. Parmi leurs revendications : pas de service RH local, des erreurs sur les feuilles de paie, de l'eau payante à bord pour les hôtesses et les stewards, etc. »
Commentaire : dans un contexte inflationniste (près de 5% sur les 12 mois glissants) les enjeux RH liés aux conditions salariales seront incontournables. Si les efforts massifs de modération salariale ont été actés depuis 2020 dans l’ensemble du secteur, l’inflation est telle que le sujet des revendications salariales dans le secteur aérien va sans doute peser, en particulier pour les PNC aux salaires les plus bas, et notamment ceux de Transavia.
À bientôt.
Fabrice HURET, Steward AF.
Administrateur PNC.
Élu au Conseil d’Administration du Groupe AF
Contact : fahuret@airfrance.fr