Malgré un chèque providentiel de 4,1 M€, le comité d’entreprise de la compagnie sera en cessation de paiements mi-août. Une faillite qui ponctue plus de dix ans de difficultés.
Malgré un chèque providentiel de 4,1 M€, le comité d’entreprise de la compagnie sera en cessation de paiements mi-août. Une faillite qui ponctue plus de dix ans de difficultés.
Les salariés d’Air France qui avaient prévu de partir cet été avec leur comité d’entreprise l’ont échappé belle! Sans un chèque de 4,183 M€ encaissé in extremis mi-juin, ils pouvaient faire une croix sur leurs vacances. Deux ans après avoir frôlé la faillite, le comité central d’entreprise (CCE) d’Air France, l’un des plus gros de France, (80 M€ de budget global, 19 centres de vacances, 261 salariés en CDI, jusqu’à 900 avec les saisonniers), est à nouveau au bord de la cessation de paiements.
Cette fois-ci, pas de scandale. Simplement la panne sèche… « Ce chèque n’a fait que repousser l’échéance. On peut tenir jusqu’aux alentours du 20 août. Au-delà, c’est l’inconnu. Logique, on traîne comme un boulet un déficit de trésorerie de 14 M€. La situation est très grave », confirme Didier Fauverte, son secrétaire général (CGT).
Car l’effet domino menace… Le CCE d’Air France chapeaute 7 autres comités d’entreprise auxquels il reverse tous les deux mois leur part de subvention. « Or, parmi eux, il y en a trois sensibles : le cargo, la maintenance et l’exploitation au sol. A lui seul, ce dernier couvre 14000 salariés. Si ces trois CE ne sont plus alimentés, ils seront à leur tour obligés de se déclarer en faillite d’ici septembre. Il y a vraiment le feu au lac », explique un proche du dossier.
En dix ans, quelle dégringolade! Miné par les guerres syndicales, une gestion hasardeuse (lire ci-contre), le CCE d’Air France n’est pourtant pas le moins bien doté. Chaque année, la direction lui verse une subvention égale à 3% de la masse salariale. Estimé entre 85 et 121 M€, son patrimoine immobilier est rondelet, même s’il lui coûte une fortune.
Le hic, c’est que depuis quelques années les navigants perçoivent directement leur quote-part de subvention. Cela a amputé de 40% les ressources annuelles du CCE. L’affaire n’a en rien arrangé ses relations avec les navigants, dont le comité des opérations aériennes cumulait auprès de lui une dette de 13 M€ début juin. A chaque sortie de piste, pourtant, le CCE s’en est sorti. Aidé discrètement par la direction. Mais, cette fois-ci, l’impasse paraît totale. Car, en plus d’être en faillite, le CCE n’a plus de pilote. Le 8 juin, la CGT s'est fait débarquer. Son plan de sauvetage visant à décrocher une ligne bancaire de 17 M€ a été rejeté par les autres syndicats. La plupart l’avaient pourtant appuyé trois mois avant.
A la CFDT, Michel Salomon assume : « Ce plan n’était pas assez radical. Il faut un plan social de 80 à 90 personnes et vendre du patrimoine. Il faut aussi revoir les prestations. Le CCE ne répond plus aux besoins des salariés. » « On a été trahi. Et, comme par hasard, on a été débarqués alors que la direction s’apprêtait à lancer son plan de restructuration », rétorque Didier Fauverte, selon lequel il ne fait aucun doute que « c’est la fin du CCE tel qu’on le connaît. Il va éclater. Les navigants ont gagné. Si on avait décroché ces 17 M€, on aurait enlevé la corde au cou qu’on avait ». Pour la petite histoire, ce sont pourtant les navigants qui ont envoyé le fameux chèque de 4,183 M€…
source : https://www.leparisien.fr