Le 18 juillet dernier, le président de la Mutuelle nationale des personnels Air France a soudain démissionné de ses fonctions. Ce syndicaliste CGT a été contraint de quitter un poste, où il avait été élu un an plus tôt, à la suite d’une malversation. Un contrôle a en effet établi que le président avait utilisé le chéquier de la Mutuelle pour verser 18 000 euros sur son propre compte bancaire.
Le 18 juillet dernier, le président de la Mutuelle nationale des personnels Air France a soudain démissionné de ses fonctions. Ce syndicaliste CGT a été contraint de quitter un poste, où il avait été élu un an plus tôt, à la suite d’une malversation. Un contrôle a en effet établi que le président avait utilisé le chéquier de la Mutuelle pour verser 18 000 euros sur son propre compte bancaire.
En fait, Erick Girbert a été pris quelques années auparavant dans un engrenage dont il n’a pas réussi à s’extirper.
Toute l’affaire a commencé en décembre 2001. L’élu de la CGT, qui bénéficiait de voyages à tarif réduit en tant que salarié de la compagnie aérienne, a accepté d’emporter avec lui, entre l’île Maurice et Paris, des valises de vêtements de contrefaçon fabriqués sur place. Des faux Lacoste, des faux Ralph Lauren, plus d’autres faux siglés Hugo Boss, Calvin Klein, Yves Saint-Laurent et Eden Park, qui étaient ensuite revendus en France sur des sites internet. Le manège a duré jusqu’en mars 2003, lorsque «la mule» s’est fait pincer par la douane française. Ses complices, Mauriciens, se sont bien gardés de quitter leur île, d’autant qu’aucune convention d’extradition n’a été signée avec la France. Lors de son procès, le prévenu a expliqué au tribunal correctionnel de Créteil avoir participé à ce trafic sous la menace d’un chantage. Les magistrats, après avoir reconnu le rôle mineur tenu par le syndicaliste dans ce trafic, l’ont toutefois condamné en 2006 à 8 mois de prison avec sursis et à 25% du montant total des amendes et des dommages et intérêts obtenus par les grandes marques qui se sont portées parties civiles. Au total, il y en avait pour près de 65 000 euros. En 2008, ce jugement a été confirmé en appel.
A partir de cette date, Erick Girbert a commencé à s’acquitter de sa peine, au moyen d’un prélèvement directement opéré sur son compte. Secrétaire général de la CGT d’Air France, il a aussi confessé sa faute à ses camarades. Et demandé qu’ils lui renouvellent leur confiance car, après tout, chacun peut bien commettre une faute dans sa vie… Un vote a été organisé et Erick Girbert a été absout. Seulement voilà : comme il ne lui restait qu’une portion congrue de son salaire, il s’est endetté. Et s’est retrouvé face à des huissiers lorsqu’il ne pouvait plus rembourser ses crédits. C’est ainsi qu’en juillet dernier, il a fini par taper dans la caisse de la MNPAF, la mutuelle dont il était le président. En sachant pertinemment que ce nouveau dérapage allait lui coûter cher.
En plus de continuer à payer ses amendes, l’ancien élu va donc devoir rembourser la mutuelle. Un échéancier a d’ailleurs été fixé. La MNPAF décidera, lors de son conseil d’administration du 19 septembre quelles suites elle entend donner à l’affaire. Des poursuites judiciaires ne sont en principe pas exclues. La CGT a d’ores et déjà demandé à Erick Girbert de se défaire de tous ses mandats. Il devra aussi rendre sa carte. De source syndicale, Air France envisagerait enfin de le licencier. L’ardoise laissée par ses maîtres chanteurs de 2001 n’est pas près d’être effacée…
Source : Capital.fr – 10 août 2012