AU REVOIR. C’est avec une certaine émotion que je vous adresse ce dernier bulletin. J’aurai préféré vous dire au revoir dans des circonstances plus normales, et dans un climat plus zen mais la Covid bouleverse tout. Ce dernier « En Direct » me permet de vous remercier à nouveau pour la confiance que vous m’avez témoignée au fil des élections et de votre participation record, prouvant votre implication. J’espère par ces publications avoir pu vous tenir informés comme je m’y étais engagée et à rendre cette instance de gouvernance plus proche de chacun d’entre vous.
Ces mandats n’ont pas toujours été très simples, effectués durant une longue période chaotique en interne : six changements de gouvernance, succession de plans dont certains ont raté l’objectif initial, mis le feu aux poudres et in fine couté très cher, et ce malgré les nombreuses alertes. Mais c’est surtout la culpabilisation quasi-permanente des salariés vus sous l’angle réducteur de coûts qui nous a minés. C’est pourtant un atout considérable que d’avoir des salariés, PNC, fiers de porter haut l’uniforme partout dans le monde. Que ce soit au début de l’épidémie comme aujourd’hui, nous l’avons et continuons à le prouver. Aujourd’hui, cette reconnaissance est là et heureusement. Contributive à l’apaisement du dialogue social, elle a permis d’aborder cette crise mondiale de façon plus collective et si cela perdure, permettra une reprise plus forte.
COMPTES 2020
L’analyse des comptes est aujourd’hui largement diffusée et commentée dans chaque compagnie. Pour la première fois une web-conférence AFKL a été organisée avec les membres du CEO Committee : Ben SMITH, Frédéric GAGEY, Anne RIGAIL, Pieter ELBERS. La gravité de la crise impose en effet une information directe à l’ensemble des salariés. Elle impose également de montrer à tous l’intérêt et la force d’AFKL. Les impacts de cette pandémie nous obligent à capitaliser nos atouts, 80 000 salariés en dépendent.
Le conseil s’est tenu au lendemain de l’annonce d’un deuxième confinement hexagonal, suivis d’autres pays européens. Les prévisions de fin d’année deviennent caduques, le court et moyen-courrier de nouveau fortement touchés.
Les comptes plongent trimestre après trimestre. Le dernier trimestre 2020 n’échappera pas à cette triste réalité.
Concernant les indicateurs liés au trafic :
T3 (au global trafic incluant passage AF, Transavia et cargo)
- CA: -71% (PAX -77%/ Cargo +15%/ TO -62%)
- Offre : -63.6% (PAX -65%/ Cargo -41.8%/ TO -49%)
- RSKO: -18.5% (PAX -31.8%/ Cargo +101.8%/ TO -25.3%)
- Coûts Unitaires au SKO: +60.7%
9 MOIS (au global trafic incluant passage AF, Transavia et cargo)
CA: -62% (PAX -66%/ Cargo -8%/ TO -66%)
Offre : -58% (PAX -57%/ Cargo -38%/ TO -60%)
RSKO: -11% (PAX -19%/ Cargo +49%/ TO -14%)
Coûts Unitaires au SKO: +47.6%
Malgré ces chiffres effarants (retrouvés dans l’ensemble du secteur) quelques éléments peuvent tempérer ce « rouge vif » qui teintent nos résultats. L’activité d’AF sur LC a été plus élevée que celles de nos principaux concurrents grâce à l’équilibre de notre réseau. Considéré comme un de nos grands atouts il l’a prouvé une fois de plus. Le COI et l’Afrique ont permis de sauver un peu de recettes, lorsque Lufthansa et British Airways plus fortement exposés à l’AMN ont été pénalisés. Le cargo, grâce aux capacités soutes, a lui aussi rempli son rôle à l’heure où le nombre d’avions sillonnant la planète a considérablement chuté. Nos A.350, B.773 et 787 représentants 85% de la flotte utilisée ont permis de rentabiliser plusieurs routes supplémentaires grâce au transport de fret.
Certes, dans une période aussi sombre, c’est très loin de compenser l’hémorragie de cash : chute de 68% du CA (Chiffre d’Affaires) au 3ème trimestre face à une baisse des dépenses de 48% et sur les 9 mois d’exercice, CA – 60%, dépenses -43%. Mais cela permet de croire au potentiel dont nous disposons. Celui qui sera crucial lors de la reprise.
Pour limiter les sorties de cash, les dépenses sont scrutées à la loupe et 60% ont pu être économisées par rapport à 2019. Les investissements sont revus à la baisse (-1Md€) mais ceux concernant le renouvellement de la flotte sont pour l’instant protégés. Les nouveaux avions génèreront de fortes économies et répondront aux engagements pris dans le cadre des prêts de réduire notre empreinte environnementale.
L’entreprise a recherché activement des économies sur la masse salariale. Coûts fixes par excellence, les salaires ne suivent pas la baisse de chiffre d’affaires. Sur 2020, l’activité partielle représente 70% des économies réalisées sur les salaires. Des négociations sont en cours dans chaque métier pour maintenir une activité partielle de longue durée autorisée par le gouvernement. Fin 2020, l’effectif aura baissé de 7.5% en ETP (Equivalent Temps Plein). Les RCC PN sont finalisées. Nos collègues du sol seront impactés par des départs sur les deux années à venir, comme les salariés de HOP durement touchés par la réorganisation du court-courrier. Fin 2022, l’effectif du groupe Air France aura baissé de 16%.
En dépit de cette protection du cash, l’ampleur des pertes cumulées associées à la poursuite des effets de cette pandémie nécessiteront une nouvelle intervention extérieure. Les prêts garantis par l’Etat sont en train d’être utilisés. Celui de l’Etat français le sera d’ici la fin d’année. Le niveau des capitaux propres ayant considérablement chuté à 3.5Mds, ils devront être restaurés d’ici deux ans.
Le plus dur dans cette crise sont le manque de visibilité et les craintes qu’elle suscite pour l’avenir professionnel de chacun. Certains prédisent une forte reprise quand d’autres s’attendent à un changement comportemental et une reprise lointaine. C’est un véritable défi que de prévoir cette sortie de crise. Elle aura lieu, mais quand et comment ?… Ce qui est sûr c’est qu’il faut s’y préparer. Car la bataille sera rude. Le paysage du transport aérien aura changé et la concurrence sera encore plus sévère après ces mois d’agonie financière.
Nul doute que le transport aérien repartira, que l’envie et les besoins de voyager seront là. D’une part cela sera signe de la liberté retrouvée et de la fin de cette pandémie qui aura mis le monde à genou, d’autre part les besoins que le transport aérien a su créer existeront toujours. Le monde aujourd’hui est connecté et cette connexion est vitale pour l’économie dans toutes les régions du monde. Les détracteurs de notre activité devraient s’en rendre compte quand on voit les ravages économiques de cette crise sanitaire sur l’ensemble des emplois qui dépendent de l’aérien. (Selon IATA : 300 000$/minute sont brulés par les Compagnies au niveau mondial, soit 13Mds$ par jour/ En 6 mois, le secteur aéronautique a perdu la totalité des postes crées entre 2009 et 2019) On voit bien l’interaction entre le transport aérien et l’économie mondiale. Le réguler, restaurer/instituer des pratiques loyales, œuvrer pour un transport plus respectueux de l’environnement est bien-sûr indispensable. Mais instaurer des interdictions qui mettront à mal les emplois et qui cloisonneront les régions, c’est un contre sens économique et humain dont nous n’aurons pas besoin au sortir de ce long tunnel.
Pour finir sur une note une peu plus optimiste, le NPS atteint des sommets. Dépassant les 50%, il relève la satisfaction des passagers à l’égard du PNC. C’est un juste retour pour le travail effectué au quotidien par les équipages, d’autant plus à saluer que les conditions sont dures, que ce soit au sens strict à bord que psychologiques. Souhaitons qu’ils s’en souviennent !
Fabrice HURET sera votre nouvel administrateur représentant le PNC au Conseil d’Administration. Elus tous les deux lors des dernières élections en 2018, il prendra la relève dans cette période tourmentée. Je lui souhaite beaucoup de courage… et surtout beaucoup de plaisir en tant que porte-parole de tous les PNC !
Pour beaucoup d’entre nous une longue page se tourne, mais pour ceux qui restent également. Voir un peu plus de 1000 PNC/ collègues partir en un mois, c’est énorme et signe de l’ampleur de cette crise. Certains n’ont pas pu partir pour des raisons personnelles. J’espère que l’esprit d’équipage, notre précieux ADN, perdurera et que chacun continuera à avoir sa place dans la Compagnie. Le mélange de générations est d’une grande richesse humaine. Sachons, ou plutôt maintenant…Sachez la conserver.
BON VENT à tous !
Marie GAY-RAMON
Administrateur PNC, élue