Pour éviter le dévissage, la compagne présente un Plan d’économie qui donne une idée sombre du sas de décompression à venir, passage obligé pour séduire de nouveaux les banques et les investisseurs. Les villes de Lyon, Toulouse, Nantes, Bordeaux et Marseille ne seront plus desservies.
Pour éviter le dévissage, la compagne présente un Plan d’économie qui donne une idée sombre du sas de décompression à venir, passage obligé pour séduire de nouveaux les banques et les investisseurs. Les villes de Lyon, Toulouse, Nantes, Bordeaux et Marseille ne seront plus desservies.
Après avoir décrit il y a deux jours au Conseil de surveillance et à l’ensemble de son personnel l’état des lieux sinistré de la compagnie Air Austral dont il vient d’être nommé président directeur général, Marie-José Malé est venu à Mayotte pour rencontrer le préfet Thomas Degos et le président du Conseil général Daniel Zaïdani et informer le grand public des changements opérés sur les lignes.
Car, rendu public depuis le mois de décembre, le trou d’air que traverse Air Austral a nécessité la mise en place d’un Business Plan, plan de développement qui formalise les objectifs de développement de l’entreprise. « Le résultat d’exploitation sur la période fiscale 2012-2013 (d’avril à mars) sera négatif pour 48 M d’euros, soit 12% de notre chiffre d’affaire qui avoisine les 400 M d’euros. Les réseaux déficitaires sont sur l’Océanie et Nouméa, ainsi que les lignes vers la province. Elles étaient compensées jusqu’à présent par la liaison bénéficiaire sur Roissy (CDG, Charles de Gaulle), mais affaiblie par la situation économique générale ».
Les liaisons régionales tiraient également l’activité vers le haut. « L’achat d’avions a provoqué un accroissement des emprunts et les impayés vers les fournisseurs se montent à 38 M d’euros à fin mars 2012 ». La trésorerie s’en ressent avec un solde négatif de 8,4 M d’euros, « contre 29,8 M d’euros au 31 mars 2011 ! ». Voilà pour l’état des lieux dressé par Marie-José Malé qui rajoute en outre que le dialogue social était inexistant au sein de l’entreprise. Rappelons qu’il remplace depuis un mois maintenant à la tête de la compagnie Gérard Ethève, 84 ans, qui avait créé Air Austral en 1974.
Et pour les quatre hommes membres du directoire, présents ce samedi matin à l’agence Issoufali, le calcul est vite fait : « sur la desserte de Marseille, la plus demandée, nous remplissons 56.000 coupons par an pour un B 777 de 90.000 sièges, soit un remplissage de 62% là où l’équilibre est atteint à 95%, avec un coût moyen par passager de 500 euros ». Exit donc la province, pour développer la ligne qui fait vivre la compagnie : « La Réunion-Paris où nous maintenons les sept liaisons habituelles, auxquelles nous rajoutons cinq vols de jour avec un départ à 11h de La Réunion et un retour de nuit depuis Paris. Nous améliorons ainsi la productivité de la flotte » signale Gabriel Pinelli, directeur général adjoint en charge des opérations d’exploitation et de maintenance. La desserte vers Bangkok est maintenue avec un avion plus petit, B 737-800, ce qui nécessite une escale technique en Inde.
Le Boeing 777-200 LR qui devait assurer une desserte sans escale Dzaoudzi-Paris, remise en cause depuis
Quand le sandwich remplace le foie gras
Le nombre de vols par semaine sur la desserte La Réunion-Paris passe donc de 137 à 142, et Mayotte n’est pas oubliée : « à partir du 28 octobre, le vol quotidien Réunion-Mayotte sera doublé par 3 vols par semaine, dont un en B777-200LR avec une correspondance courte de 1h30 à St Denis sans changement d’avion, alors les deux autres nécessiteront un transfert vers un autre appareil que le B777-300 qui ne peut faire de demi-tour sur les raquettes mahoraises », en l’état actuel de la piste bien sûr.
Pour Jean-Marc Grazzini, directeur général adjoint en charge du commercial, une exigence cependant : « un départ ponctuel depuis Mayotte pour assurer les correspondances ! », appuyé par Didier Salin, responsable de l’agence Air Austral locale : « la problématique de la barge incite à flirter avec les horaires d’enregistrement… il faudra désormais se présenter 3 heures avant ».
Quatre avions longs courriers seront gardés, « mais nous vendons un B777 200 ER et un B777 200 LR qui aurait du nous être livré dans les jours qui viennent ».
Il n’y aura pas de licenciements de personnel au sein de l’entreprise qui emploie un millier de personnes, mais 50 contrats d’hôtesses et stewards ne seront pas renouvelés.
Le business plan intègre les possibles détériorations du taux de change euro/dollar, et un accroissement du prix du baril de pétrole, et propose toute une série de mesure de restriction des dépenses, dont le gel des embauches, la diminution de la consommation de carburant ou la renégociation des contrats fournisseurs, portant ainsi le résultat net de – 26,7 M d’euros en 2012-13 avec un chiffre d’affaire (CA) de 372 M d’euros, à un résultat de 12,7 M d’euros en 2013-14 avec un CA de 364,8M d’euros.
Mais il faut surtout que la compagnie renforce ses fonds propres notamment en attirant de nouveaux actionnaires, but de ce Business plan.
Les économies se sont déjà fait sentir avec un plateau repas réduit à un mini sandwich et sa maigre portion de jambon, sur la liaison Mayotte-Saint Denis. Or c’est justement sur ces prestations que la compagnie faisait la différence avec sa concurrente Corsair. Cela n’a pas l’air d’inquiéter Jean-Marc Grazzini : « nous pensons que le passager sera attentif à une desserte assurée tous les jours, c’est un véritable service rendu à la clientèle. Et la concurrence est toujours nécessaire ! ».
La volonté de se recentrer sur la région passe par une coopération avec Air Seychelles mais aussi avec Air Mauritius et Air Madagascar, toutes deux partenaires d’Air France. Air France qui n’est ainsi plus concurrencée sur ses dessertes en province, ce qui incitait Tour Mag.com à conclure sur un rapprochement de la compagnie avec Air Austral, surtout que Marie-José Malé est précisément un ancien cadre supérieur d’Air France.