Le groupe a annoncé hier une perte opérationnelle de 597 millions d'euros pour le premier trimestre de son exercice 2012, qui constitue le plus mauvais résultat trimestriel de son histoire. Mais les conditions du rebond se mettent en place.
Le groupe a annoncé hier une perte opérationnelle de 597 millions d'euros pour le premier trimestre de son exercice 2012, qui constitue le plus mauvais résultat trimestriel de son histoire. Mais les conditions du rebond se mettent en place.
Air France-KLM a touché le fond au premier trimestre. Avec 597 millions d'euros de pertes d'exploitation, le groupe franco-néerlandais a enregistré le plus mauvais résultat trimestriel de son histoire, au-delà des prévisions des analystes et pire qu'au premier trimestre 2009, qui s'était soldé par une perte d'exploitation de 535 millions. La faute au pétrole, qui a fait bondir sa facture carburant de 17,9 % (à 225 millions d'euros), effaçant une fois encore l'augmentation du trafic et des recettes (+ 5,5 %). A cet impondérable s'est ajouté le bond inhabituel des charges de personnel (+ 6 %), lié à des charges de retraite et à l'effet report des hausses de salaire de 2011.
Paradoxalement, ces mauvais résultats donnent plutôt matière à espérer. D'abord, parce qu'on imagine mal qu'Air France-KLM puisse tomber plus bas. Ensuite, parce que si le deuxième trimestre devrait être inférieur à celui de l'an dernier (145 millions de pertes), il est traditionnellement meilleur que le premier. Mais, surtout, parce que, à partir du deuxième trimestre, Air France-KLM commencera à tirer profit des mesures d'économies décidées en début d'année chez Air France. Au total, ces mesures devraient générer 280 millions d'euros dès le second semestre (dont 90 millions grâce au seul gel des salaires), 390 millions en 2013 et 400 millions en 2014. La réduction drastique des investissement semble avoir déjà permis de stopper le gonflement de la dette et l'hémorragie de cash (- 58 millions sur trois mois, sur une trésorerie de 2,86 milliards).
Une éclaircie qui s'annonce
A cela s'ajoute un conjoncture, certes toujours incertaine, mais qui laisse espérer une embellie. En dépit des hausses de tarif, la croissance du trafic passagers reste soutenue, à plus de 5 %, tandis que l'activité cargo, toujours déprimée chez Air France-KLM, donne des signes de redressement au niveau mondial. Quant au prix du kérosène, toujours très élevé, il semble plutôt orienté à la baisse depuis avril. Par ailleurs, tous les concurrents d'Air France-KLM ayant revu à la baisse leurs augmentations de capacité, cela devrait se traduire par un resserrement de l'offre et une remontée des tarifs. Du moins sur les lignes long-courriers.
Cependant, la meilleure nouvelle du premier trimestre pour Air France-KLM reste la signature de l'accord de méthodologie par une partie des syndicats, qui ouvre la voie à une refonte des accords d'entreprise. Le résultat des négociations ne sera connu qu'en juin, mais l'objectif fixé par la direction de 20 % de gain de productivité et d'économies, hors carburant, d'ici à 2014 est d'ores et déjà admis par les syndicats, notamment celui des pilotes, dont la carrière et l'évolution des rémunérations dépendent du retour à la croissance.
Cela suffira-t-il ? Jean-Cyril Spinetta, le PDG d'Air France-KLM, en est convaincu. « Si nous baissons nos coûts, hors carburant, de 10 %, nous serons du bon côté du trait pour les sept à huit ans à venir », assurait-il récemment en petit comité.
Et si ses modalités du plan Transform 2015 restent à arrêter, le principe général est déjà connu : travailler plus pour le même prix, tout en faisant des économies partout. Selon toute vraisemblance, cet effort s'accompagnera d'un nouveau plan de départs volontaires, au moins aussi important que celui de 2009, qui s'était soldé par 1.500 départs. Cette fois, les pilotes devraient être concernés, notamment ceux des Boeing 747. En revanche, aucun plan de départs contraints n'est, selon nos informations, programmé. « De nos jours, aucune grande entreprise n'a recours à des plans de licenciements secs », souligne-t-on, de source proche du dossier. Air France, qui n'a jamais licencié collectivement, ne sera pas la première.
SOURCE / http://www.lesechos.fr